Entrefins (Vienne)
Localisation
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Histoire :
Sa date de fondation se situe sans doute vers 1180. Elle est due à la
générosité du chevalier Boson, premier du nom, Seigneur
de l’Isle-Jourdain . Il avait également donné au correcteur
les droits de haute, moyenne et basse justice .
Entrefins était bâtie aux confins du Poitou et de la Marche, d’où
son nom : Inter fines : Entre les finages. La celle fut dédiée
à Notre-Dame, et comme patron secondaire, Saint Etienne de Muret, car
deux miracles eurent lieu à Entrefins lors des cérémonies
de la canonisation . Le Chanoine Lecler nous rapporte le récit de l'un
des deux :
“ Un honorable homme, nommé Girard, Limousin, revenant d’un
voyage qu’il avait coutume de faire tous les ans à Grandmont, à
Muret et à Plagne, trouva en arrivant chez lui son village tout en feu,
et les maisons qui se consumaient à vue d’oeil. Il se prit à
crier : “O mon Dieu ! que ferais-je ? je suis si las du chemin que je
viens de parcourir que je ne saurais apporter aucun secours à ma maison
qui s’en va brûler. Hélas! je suis perdu. Seigneur, ayez
pitié de moi et souvenez-vous que je suis des dévots de saint
Etienne et très affectionné à ses enfants que je viens
de visiter. Par leurs mérites et par ceux de leur saint Père,
ayez pitié de moi, et préserver ma maison du feu qui l’environne”.
Il n’eut pas plus tôt fait cette prière que le feu s’éteignit
au pied de sa maison, sans l’endommager, quoique celles de ses voisins
fussent réduites en cendres. Il en vint faire le récit aux frères
du couvent d’Entrefins, parmi lesquels cet homme prit l’habit, et
vécut en saint religieux ”.
Sa communauté comprenait six religieux en 1295. Entrefins fut unie au
Puy-Chevrier en 1317.
Entrefins fut pillée et brûlée par les Huguenots, et ses
papiers disparurent ou furent brûlés . En 1660, le prieur obtint
du roi Louis XIV un arrêt ordonnant à ceux qui détenaient
des biens d’en fournir aveux et dénombrements. A cette époque
la celle comprenait trois corps de logis, l’église, deux métairies,
celle de la cour, et celle de la porte, des moulins, des jardins et vergers
à Montmerle, Monterbean, chez Gerbault, Peubrail, Malassée, L'âge,
La Bouige, La Garnauderie, Le Mas, Villemert, etc. . Il est possible que la
communauté du Puy-Chevrier s’y soit transportée vers la
fin du XVIème ou au début du XVIIème siècle , ce
qui explique l’"existence" encore au début du XIXème
siècle de la chapelle, et le titre d'abbaye qu'elle porte sur deux ou
trois documents de cette époque , titre que Puy-Chevrier portait parfois.
Noms de quelques prieurs claustraux:
frère Pierre Lamotte, (1317);
fr. Pierre Quinquaut, (1360);
fr. Pierre Estourneau, (1480 - 1503);
puis de quelques prieurs commendataires :
Pierre Bonnin de Messignac, écuyer, sieur de Puy-Chevrier en 1466;
Pierre Estourneau (1503),
François de Marsange, écuyer, seigneur de Puy-Chevrier, en 1566;
Fr Jean Guimbaud, (1605), qui devint curé de Moussac en 1622 ;
Dom Léonard de la Béraudière, (1613), qui devint moine
cistercien, puis Abbé de l’Abbaye du Pin en 1630, où il
y est décédé en 1648;
Jean de la Fontaine économe, chargé de la gestion (1649);
Etienne Baudoin , conseiller du Roi au Parlement de Paris, fut nommé
par le roi le 28 mars 1691, prieur titulaire de Puy-Chevrier et Entrefins, (1691
- 1699);
Pierre-Paul de Lourmandé, officier d'université de Poitiers, docteur
en théologie , (1717 - 1725). Il était aussi Abbé Prémontré
de Blanche-Lande en Normandie de 1723 à 1738 ;
Pierre-Paul Lorrain, (1725);
Joseph Junot, (1730/1745) ;
Roger Langlois, (1745), qui était docteur en théologie et prêtre;
Dom Louis Moissan, religieux grandmontain , (1750/1768);
Éléonor-Marie de Bois de Rochefort (1787), docteur en théologie,
vicaire général de la Rochelle et curé de St-André-des-Arts
"qui demeurant à Paris en son presbytère, rue du Cimetière
et paroisse Saint-André-des-Arts, bailla à titre de ferme à
prix d'argent...commençant au jour de la fête de la Saint-Jean-Baptiste
1786, et finissant à pareil jour de l'année 1795", le prieuré
de Puy-Chevrier et son annexe d'Entrefins . Ce même prieur commendataire
obtint le consentement de l'évêque diocésain de faire transférer
le service des fondations qui se célébrait dans la chapelle d'Entrefins
depuis des "temps immémoriaux" à la paroisse moyennant
le paiement d'une somme de 52 livres pour le curé, et 20 livres pour
la fabrique en indemnisation du pain, du vin et de la lumière le 17 Mai
1791
Lors de l’extinction et anéantissement de l’Ordre en 1770,
Entrefins fut uni comme Puy-Chevrier, dont il était une annexe, au séminaire
de Poitiers. Puis devenu bien national en 1789, le prieuré fut vendu
le 28 germinal an III (17 avril 1795) à 9 heures du matin, à Mme
Guérinière, veuve du sieur Garestier Lapierre. Le bien était
affermé à Jean et Jacques Thiaudière, père et fils.
Le bien comprenait :
Deux chambres basses avec grenier par-dessus, une grange, une étable
à boeuf, un four, un petit toit, une autre petite grange, un toit à
brebis, un jardin à coté de la ci-devant chapelle, un autre petit
jardin à coté de la maison, le tout contenant ensemble une boisselée
et demie, mesure de l’Isle-Jourdain. Le tout était dans un état
plus que lamentable, le rapport de visite du 27 août 1779 établi
à la demande des fermiers et métayers est éloquent (voir
pièces). Il avait été établi pour obtenir du nouveau
propriétaire, le séminaire de Poitiers, des travaux qui semblaient
urgents...et qui ne furent pas exécutés, permettant d'acquérir
un bien à un excellent prix quelques années après!
Mme Guérinière eut des difficultés pour recouvrer ses fermages
et assigna les Thiaudière. Dans les attendus on peut lire :
"Dame Guérinière, veuve de Sieur Garestier-Lapierre a l'honneur
de vous exposer que le 8 mars dernier, vous lui avez adjugé le ci-devant
prieuré d'Entrefins, consistant en deux métairies, cens, meules,
pour en jouir et disposer comme les ci-devant titulaire-fermier ancien et actuel
qui en avaient joui et jouissaient.
Ce prieuré a été affermé au moment de l'adjudication
au sieur et femme Boisjollet , du bourg d'Adriers, mais comme dans cette ferme
se trouvaient compris différents droits ou dîmes supprimés
aujourd'hui, il a fallu s'occuper de fixer le prix et la valeur des objets affermés
devant être portés la déduction et défalcation, et
régler en fin quelle somme les fermiers devaient compter à l'exposante
chaque année, pendant la durée de leur bail... "
Puis l’exposante faisait ressortir les avantages que les fermiers retiraient
de leur nouvelle position, entre autre qu'ils étaient auparavant tenus
de porter personnellement en espèce chaque année le fermage au
prieur commendataire de Bois de Rochefort, curé de St-André-des-Arts,
rue du Cimetière, à Paris. Ce à quoi les Thiaudière
répondirent que cela ne les dérangeaient nullement car ils conduisaient
chaque année des bovins à Paris, et l'argent de la vente leur
servait en partie à payer leur dû au prieur...
Ne trouvant aucun point d’accord avec ses fermiers, de guerre lasse Mme
Guérinière leur vendit le bien en 1798...
Ce sont les descendants des Thiaudière qui firent reconstruire la petite
chapelle actuelle au milieu du siècle dernier.