Beaujeu (Rhône)
Localisation
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Un ensemble de fresques vient d'être retrouvé sur les murs du réfectoire. Voici trois photos aimablement envoyées par M Cullus, qui a reçu l'autorisation des propriétaires de les diffuser. |
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Histoire :
La celle de Beaujeu existait en 1173, car à cette date un accord fut
conclu entre l’Archevêque de Lyon et le Comte Guy de Beaujeu. Le
Pape Alexandre III approuva cet accord le 1er avril 1174 .
Un historien local fait remonter sa fondation à Guichard III , seigneur
de Beaujeu, entre 1101 et 1130. Mais cette période est manifestement
trop ancienne pour être retenue, les premières celles ayants été
construites hors du Limousin remontent vers 1150 (Bercey, Rouen, Chêne-Galon,
La Haye, Pommier-Aigre, etc...).
La fondation de Beaujeu peut-être attribuée à l’un
de ses successeurs, peut-être Humbert IV, petit-fils de Guichard III,
qui épousa Agnès de Montpensier, Dame de Thiers, petite-nièce
d’Etienne de Muret.
En plus du domaine de Blacé, le Seigneur Guy de Beaujeu donna aux moines
la moitié du péage de St Georges. En 1295, la celle de Beaujeu
hébergeait cinq clercs; en 1317 elle fut unie au prieuré de Viaye
(Haute-Loire). Etant donné l’éloignement de Viaye, plus
de 180 Kilomètres de routes difficiles, même de nos jours, on ne
doute pas que les relations de Beaujeu avec le prieuré durent n’être
qu’épisodiques...
Sans conventualité, la maison de Beaujeu devint une simple exploitation
agricole qui s'orienta vers la viticulture. Au XVIIème siècle
on signale que les vignobles étaient très importants. Toutefois
les bâtiments religieux ne furent plus entretenus, la sécularisation
enleva toute trace d'architecture grandmontaine. Ce délabrement apparait
dans les contrats passés le 20 décembre 1768 devant un notaire
de Villefranche .
Comme dans toutes les annexes de prieuré, l'histoire de Beaujeu se résume
en des actes notariés, dont les plus anciens connus remontent à
1661.
En effet, le 29 avril 1661, Dom Jean MERGUIL, religieux, agissant au nom de
Pierre Jacques d'AURELLE de TERRENEYRE, prieur du monastère Ste Marie
de Viaye, loue à Claude FORET, laboureur à Arnas, un domaine dépendant
de Grandmont (Beaujeu) pour la somme de 80 livres .
Le 7 janvier 1659, Pierre Jacques d'AURELLE avait reçu confirmation de
la possession de Beaujeu par Dame Louise d'ORLEANS, fille de Gaston d'ORLEANS,
frère de Louis XIII.
Le 18 mars 1669, Dom Jean MERGUIL, agissant toujours au nom du prieur Pierre
Jacques d'Aurelle, passe un acte de location d'une parcelle de bois à
Jean SAUNIER, "plus à mi-fruit" un cheptel de quatre boeufs
et quatre vaches, d'une valeur de 180 livres .
Le 22 juillet 1697, Dom Jean MERGUIL prête un cheval à Jean PENIN,
marchand à Blacé. Celui-ci le blesse par sa faute dans la plaine
de Blaceret. PENIN s'engage à lui verser 180 livres comme dédommagement
. Le 25 janvier 1771, une procuration est donnée à Dominique CHIVAL,
avocat au Parlement, par Messire André d'AURELLE, seigneur de Terreneyre,
baron de la Garde Montarchier, Crouzet et autres places, prieur commendataire
des prieurés de Viaye, Grandmont Beaujeu, Issenghi, et de la Baberandière,
résidant au château de Viaye, paroisse St Vincent, pour le représenter
dans certaines affaires dont il l'entretiendra .
Le 26 mai 1716, Dom André d'AURELLE de TERRENEYRE passe quittance de
60 livres à Sieur JEAN LAMURE, habitant Blacé, pour le prix d'une
rente constituée le 24 mai 1653 par François SAUNIER au profit
du prieuré
C'est vers cette date que Dom André d'AURELLE semble avoir affermé
le bien à Joseph Ignace BOTTU de la FERRAUDIERE, un bourgeois de Villefranche.
En effet, dans un acte du 29 mai 1717, ce Joseph BOTTU, agissant en qualité
de fermier général de Grandmont (Beaujeu), passe un bail avec
Philippe DUCHESNE pour un bois dépendant de Grandmont à Blacé.
On ne retrouve mention de Beaujeu qu'une cinquantaine d'annÇes plus tard
avec un bail à ferme de 9 ans passé le 20 décembre 1768
devant Maitre DELACOSTE, notaire, pour des immeubles et terres dépendant
du prieuré de Grandmont à Blacé. Le contrat est passé
entre Dom Charles Martin AUDEBERT, prieur claustral de Notre Dame de Viaye,
secondé de Dom Pierre Joseph FOUCAUD du CHASSEIN, religieux, et Jacques
BALLOFET, marchand à Villefranche. Un état des lieux est dressé
à cette occasion et constate en particulier le délabrement des
bâtiments et la mauvaise tenue des terres et vignes.
Ce fut le dernier bail passé par les religieux de Grandmont, l'Ordre
ayant été dissout par lettres patentes du Roi Louis XV le 24 février
1769.
L'inventaire des biens fut réalisé à Viaye le 19 février
1772 par Maitre Armand BERGOUNHOUX de RACHAT de VARENNES, subdélégué
de l'Intendance du Languedoc, sur réquisition de Monsieur Hector VALENTIN,
chanoine de Notre-Dame, syndic général du diocèse du Puy,
et en présence de Dom Charles Martin AUDEBERT.
Un procès verbal de cet inventaire fut dressé et remis au régisseur
de Viaye, Monsieur Pierre VACHERON, qui remis les titres de propriété
à Monsieur DESGRANGES,syndic du clergé. Monseigneur de POMPIGNAN,
évêque du Puy, déclara éteints à perpétuité
les titres de la communauté, et ordonna l'union au séminaire du
Puy, de tous les biens, droits, fruits et revenus en dépendant.
Devenu économe sequestre depuis l'arrêt du 11 janvier 1772, Pierre
VACHERON gèra le patrimoine conventuel jusqu'au 2 janvier 1778, date
à laquelle il changea de fonction et devint, pour huit ans, fermier de
tous les domaines pour la somme de 2.000 livres par an. La métairie du
Petit-Grandmont en Beaujolais fut alors affermée au Sieur KENNEQUEL,
négociant à Villefranche sur Saône pour 1.500 livres par
an . Ce fermage fut interrompu par la Révolution car conformément
à la loi du 14 mai 1790 sur les biens de l'Eglise, l'ancien prieuré
fut mis en vente. Les biens furent estimés à 27.212 livres. Après
plusieurs enchères à la bougie, le domaine fut adjugé le
28 avril 1791 au prix de 84.300 livres assignats à Claude GRABAS, petit
vigneron d'Arbuissonas. Mais la loi permettait de ne payer immédiatement
que le 1/12 ème du prix, le reste étant acquitté par versements
successifs. Hélas, Claude GRABAS avait dû voir trop grand pour
ses revenus, car il ne fut capable de remettre entre les mains du receveur du
district que 4.000 livres au lieu des 7.025 livres minimum prévues par
la loi. Le receveur du district dut alors s'enquérir rapidement d'un
autre acheteur. Il le trouva en la personne de Maitre Antoine MICHET, avocat
à Villefranche, qui rachèta le bien pour le prix de l'adjudication
soit 84.300 livres. L'acte de vente fut passé le 2 mai 1791 devant Maitre
BONNEFONT, notaire à Villefranche.
Antoine MICHET était né à Villefranche en 1744; il fut
avocat puis juge au Tribunal en 1791 et devint député à
la Convention en 1792. Le 4 février 1793, habitant Paris, 32 rue St Honoré,
il charge Maitre Jean Jacques CORCELETTES, notaire à Poule et juge au
Tribunal de Villefranche, de vendre son office de notaire et d'en recevoir le
prix. En 1797, Antoine MICHET siège au Conseil des Anciens et il est
fortement probable que c'est lui qui fit édifier le château de
Grandmont sur les soubassements de la chapelle dont les fondations accueillent
un chai.
Le 9 mars 1800, Antoine MICHET, malade, fait son testament par devant Maitre
BONNEFONT, notaire; il donne à sa femme, Jeanne Françoise TALON,
la jouissance de la moitié de ses biens. Il reconnait avoir reçu
24.000 livres de Pierre TALON lors du contrat de mariage en 1781 ,montant de
la dot de sa femme. Il nomme son unique enfant, Delphine MICHET, comme légataire
universelle. Antoine MICHET meurt le 4 avril 1800. Madame Veuve MICHET devint
tutrice de sa fille mineure, et, par précaution elle n'accepta l'héritage
de son mari que sous réserve d'inventaire.
Cet inventaire mentionne la maison de Blacé. Mais la succession Çtait
très obérée (chargée de dettes) et Madame Veuve
MICHET dut vendre une partie du domaine de Grandmont le 29 juin 1802 pour la
somme de 17.830 francs .
Le 14 décembre 1803, Madame Veuve MICHET demande la main-levée
d'une hypothèque de 36.000 livres datant du 5 juin 1799. Puis le 29 décembre
1803, Monsieur Nicolas KNECKEL, maire de Villefranche, demande une autre main-levée
sur une hypothèque formée le 6 septembre 1799 sur des parcelles
dépendant du prieuré de Grandmont.
Madame Veuve MICHET continua à vendre les biens dépendant de Grandmont;
les enchères du 24 mars 1805 rapportèrent 7.240 francs .
Nous ne connaissons pas la date exacte de la construction du château de
Grandmont mais il est antérieur au cadastre du 25 juin 1830; la succession
difficile d'Antoine MICHET donne à penser qu'elle ne serait pas étrangère
aux dépenses engagées pour la construction de ce château.
Sa fille, Delphine MICHET, qui était née à Villefranche
le 29 novembre 1792, se maria une première fois à Louis Camille
GAILLARD. Devenue veuve en 1814, elle épousa en secondes noces le 25
janvier 1821, le vicomte Jacques Marie de PELOUX de SAINT ROMAIN, lieutenant
de vaisseau, chevalier de la Légion d'Honneur et de l'Ordre de St Louis.
Ils eurent un fils, Gabriel, qui hérita du bien de son père décédé
en 1850 et de sa mère qui mourut le 12 juillet 1872 à Noirefontaine
(Doubs).
Le bien fut vendu à M Jean Chrétien à cette époque
qui par héritage le transmis àses enfants, puis son petit-fils,
M Texier le vendi en 1921 à M Jean Gillet.
Le bien de Grandmont devint la propriété des familles GILLET et
BOTASSI.
Les deux soeurs BOTASSI ont vendu en 1995, le vignoble et le château de
Grandmont, à M BRAC de la PERRIERE qui possèdait déjà
de grands vignobles dans le Beaujolais.Le prieuré vient d'être
vendu à M Bertrand.
Il faut rendre hommage à Monsieur Louis BONIFACE qui fut Président
de l'Académie de Villefranche de 1956 à 1964 pour son étude
sur Beaujeu. La grande majorité des informations contenues dans cet article
y ont été puisées.
On trouve dans les bibliographies la référence suivante:
- LOUVET - Histoire du Beaujolais - Lyon (1903) - in 8°- Tome 1, page 216
où il est écrit:
" Dans cette paroisse (Blacé), il y a un prieuré de Grandmont,
de la nomination du Grand Prieur de St Etienne de Limoges. Fondé par
les Seigneurs de Beaujeu qui l'ont doté d'une partie du péage
de Rogneins” !