Bois d'Allonne (Deux-Sèvres) - celle n° 112
Elle est située sur la commune d'Allonne, à 3 k à l'Est dans une clairière du Bois d'Allonne. Comme beaucoup de prieuré de l'Ordre c'est une propriété privée. Très belle église ainsi que le bâtiment Est très bien conservé. Pour plus amples informations consulter les "Cahiers Grandmontains" n° 15 |
Le bâtiment Est et le chevet de l'église |
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Vestiges :
L’église.
L’église est complète, très bien conservée
; elle mesure 30,12 m de long sur 6,42 m de large au niveau de la nef. Le sol
semble avoir été relevé d’au moins 0,60 m au niveau
du choeur. Son chevet est à trois pans à l’extérieur,
et semi-circulaire à l’intérieur. Il est voûté
en sept voûtains, divisés par huit nervures ; ces nervures, un
peu lourdes, se réunissent sans clef à un mètre de l’arc
triomphal de la nef. Deux autres petites nervures pénètrent dans
l’extrados de la voûte de la nef, au tiers supérieur de l’arc.
Ces huit nervures retombent sur des colonnettes à chapiteaux à
feuilles d’eau, qui reçoivent également des arcs formerets
de section trèflé comme les nervures. Le triplet est composé
de hautes fenêtres à linteaux cintrés. Il est encadré
par souci de symétrie, de deux travées droites aveugles.
La nef est voûtée en berceau légèrement brisé.
Le pignon ouest possède une fenêtre de 6 m de haut ébrasée
à linteau cintré, et surmonté à l’extérieur
par une archivolte à retour d’équerre. Une corniche en quart
de ronds règne au départ de la voûte sur les murs sud et
nord de la nef. Le sanctuaire possède le décrochement habituel.
Il est de 0,42 m de chaque côté, et il est amorti par une moulure
torique. La petite fenêtre qui communique avec l’oratoire de nuit,
pièce se trouvant au-dessus du passage, existe toujours.
Dans le mur sud, se trouve une piscine à linteau en arc brisé
possédant une double cuve. En regard de cette piscine, une armoire eucharistique
a été aménagée dans le mur nord. A gauche de ce
placard se trouve une porte cintrée paraissant dater du XVIème
s.. Elle est actuellement en partie murée. Elle avait été
percée à la hauteur du sol remblayé. Ce remblai de 0,60
m environ semble avoir été mis en place pour combattre les inondations,
qui devaient être fréquentes. Les seuils de cette porte (XVIème
s.) et celui du placard (XIIIème s.) sont pratiquement à la même
hauteur, mettant en évidence ce remblai.
Au XVIIIème siècle un prieur commendataire, Etienne Piherry (+
1752) entreprit, pour l’embellissement de son église, de faire
retailler l’entablement selon un profil plus conforme aux règles
classiques, et il meubla le choeur avec un mobilier rocaille. L’autel-majeur
qui était en bois, a disparu ; mais il reste en place deux petits autels
en pierre, placés de chaque coté de la clôture du choeur,
et ayant la forme de commodes Louis XV .
La porte des moines est à deux voussures en arc brisé, amortie
par un gros boudin retombant sur des chapiteaux et des colonnettes, le tout
est surmonté d’une archivolte en quart de rond à retour
d’équerre. A l’extérieur, le mur sud possède
un contrefort plat de 2m de large. Les deux angles de la face ouest sont habillés
de larges contreforts plats en équerre à talus sans larmier. Celui
de l’angle sud-ouest se prolonge pour former le contremur dans lequel
s’ouvre le portail des fidèles. Celui-ci est à trois voussures
en tiers-point, sans tympan. Les voussures sont amorties par un gros boudin
retombant sur chapiteaux et colonnettes, dans un style identique à celui
de la porte des moines. Une flèche “moderne” en ardoise surmonte
la toiture, dans le style de celle de la Primaudière, et qui a été
repris en 1992 à l'Haye d’Angers.
Pour résumer l’impression donnée par ce magnifique édifice
grandmontain on ne peut qu’approuver M Alain Delaval, qui écrivait
:
On est toujours frappé d’admiration devant le talent de lapicide
manifesté par ces moines aux maîtres d’oeuvre anonymes, talent
dont le magnifique appareil quasi cyclopéen de l’église
du Bois-d’Allonne est l’une des plus belles illustrations “
Le bâtiment Est.
Le passage du cimetière s’ouvre sur la cour du cloître par
une porte jouxtant en équerre celle des moines. Le passage est voûtée
en berceau brisé. La porte Est du passage a été bouchée.
La salle capitulaire lui fait suite. Elle est à cinq baies : une porte
centrale dont la voûte plein cintre retombe sur des parois. Elle est encadrée
de deux fenêtres également cintrées, séparées
entre elles par une file de trois colonnes courtes et massives à chapiteaux
à feuilles d’eau et tailloirs carrés, reposant sur un petit
mur bahut.
M Jean-René Gaborit avait remarqué que les colonnes de la salle
capitulaire semblaient antérieures à celles qui ornent l’abside
et les portes de l’église . Situation déjà rencontrée
à Louye et à Bandouille, ce qui pourrait confirmer ici que l’église
a été le dernier bâtiment construit. Cela peut paraître
surprenant pour un Ordre si attaché à la foi.
Le sol de la salle se trouve à 0,50 m en dessous du niveau du cloître.
La salle est carrée (6,50 m X 6,50 m). Elle est voûtée d’arêtes,
couvertes par de grosses nervures toriques qui partent du sol des angles de
la salle par des culots en sifflet ; l’intersection est une simple-clef
de voûte. La voûte de cette salle a été refaite au
XVIIIème siècle. Deux fenêtres ont été percées
dans le mur est, et une porte a été ouverte dans le mur sud, coté
salle des moines.
Faisant suite à la salle capitulaire se trouve la salle des moines. Elle
est voûtée en berceau brisé. Elle a été transformée
par le prieur commendataire Etienne Piherry, et pourvue d’une cheminée
qui porte la date de 1739. Puis, on a prolongé ce bâtiment Est
pour pouvoir y regrouper toutes les pièces d’habitation. Deux autres
pièces succèdent à la salle des moines, dont une en équerre
avec un magnifique escalier intérieur en pierre et rampe en fer forgé
(classé M.H). Il remplaçait l’ancien escalier extérieur
partant de la salle capitulaire menant au dortoir.
A l’étage du bâtiment Est, la pièce (oratoire de nuit)
qui se trouve au-dessus du passage est voûtée. Elle posséde
une petite fenêtre donnant sur le choeur de l’église.
Le dortoir a été restauré au début du XVIIIème
siècle, car une tomette octogonale du pavage porte la date de 1697, et
une autre: 1711.
Le bâtiment sud.
L’emplacement de l’ancienne cuisine dans la partie du bâtiment
sud subsiste, et sert actuellement de bibliothèque. C’est au début
du XVIIIème siècle, époque de ces remaniements, que le
reste du bâtiment sud à son tour disparu.
Le cloître
Tout le long de l’église et du bâtiment Est on voit des corbeaux
sur lesquels reposaient les sablières du toit du cloître.
Le bâtiment ouest.
Quant au bâtiment ouest, il a disparu au point qu’on puisse douter
aujourd’hui de son existence , mais le procès-verbal de 1651 nous
assure qu’il était bien là.
Histoire
Bois d’Allonne est certainement une fondation de Guillaume IV l’Archevêque,
seigneur de Parthenay en 1182, la charte de fondation a été perdue.
Cette fondation fut confirmée par Richard Coeur de Lion dans une charte
datée de Niort le 15 décembre 1192, en ces termes :
“en l’année 1192, Richard Roi d’Angleterre, Duc de
Normandie et d’Aquitaine, Comte de Poitou et d’Anjou. secondant
le zèle pieux de ces religieux, nous donnons aussi accordons confirmons
à Dieu et à la Bienheureuse Vierge Marie et aux frères
de l’Ordre de Grandmont le lieu de Bois d’Allonne, et toute la forêt
avec son appartenance libre et franc de toute donation, aumônes et privilèges
de quelques genres qu’ils soient...”
Une copie de ce titre de fondation comprenant également les fondations
des celles de la Meilleraye, Bonneray, et Barbetorte est daté du 15 décembre
1195 .
La Vita A signale l’existence d’une bienfaitrice des frères
de Bois d’Allonne, Pétronille. Elle est portée au nécrologe
primitif de l’ordre le 18 Mai .
Le Bois d’Allonne au XIIIème s.
Soit que la seigneurie de Parthenay appartint alors à la famille de l’Archevêque
Hugues, ou que cette terre était passée entre ses mains depuis,
on voit par une transaction du mois de septembre 1267, passé entre Hugues
l’Archevêque et le correcteur du Bois d’Allonne, que Guillaume
l’Archevêque, bis-aïeul du même Hugues donna aussi aux
religieux de Grandmont avec la maison du Bois d’Allonne, des forêts,
terres et généralement tout ce qui était renfermé
par des pâlisses et fossés, avec plusieurs rentes pour leur subsistance
et leur entretien. Par le même acte, les confiscations qui étaient
faites sur les délinquants dans les lieux et terres relevant du Bois
d’Allonne étaient partagées par moitié entre les
Seigneurs de Parthenay et les Religieux.
Un traité fut passé entre les religieux et Hugues l’Archevêque,
Seigneur de Parthenay, en 1297, qui énumère les donations faites
au prieuré par ses prédécesseurs, la plus ancienne étant
celle de Guillaume IV
Par un autre acte de 1303, Guillaume l’Archevêque après avoir
fait la récapitulation de tous les biens et terres que possédaient
les Religieux dans le ressort de Parthenay, les décharge et exempte de
tous droits, redevances, et services seigneuriaux, moyennant 40 sols de rente
annuel, mais se réserve les droits de haute et basse justice .
Hugues 1er le fils de Guillaume IV augmentera la fondation de son père,
en donnant une partie de la forêt et une rente de deux sols sept deniers
par semaine, à recevoir du receveur des droits de vente de Parthenay
. Son fils Guillaume V concédera des droits de pacage dans la forêt
d’Allonne, et abandonnera ses droits de suzeraineté sur quinze
domaines voisins : l’Airière, la Branconnière, la Vieille
Pizonnière, l’Ogerie, la Molière, la Bégetière,
l’Izanbardière, la Burgaudière, la Simonière, la
Richardière, etc...
Comme dans d’autres celles, le Bois d’Allonne eut des hommes libres,
francs de péage, de droit de vente, de taille, de corvée, et toutes
redevances féodales. Les religieux de Bois d’Allonne en avaient
deux, l’un à Parthenay nommé Jean Guy, bourgeois, l’autre
à Secondigny nommé Jean Cosmeau. Guillaume l’Archevêque
les exempta à perpétuité eux et leurs héritiers
du péage, des droits de vente, de la taille, de la corvée du service
militaire et en général de toutes redevances féodales.
Il étendit la même exemption à tous les vassaux de l’Abbaye
dans toute la Gâtine. Enfin, il lui octroya le droit très important
d’acquérir sans payer aucune redevance, mais ce que nous savons
moins c’est que ces “officiers” de la Haute justice du Bois
d’Allonne ont “originairement faits les curatelles des mineurs dont
les pères et mères étaient décédés
au Bourg d’Azay.” et que ces officiers “scandaliseront le
Seigneur d’Azay qui s’y est opposé, prétendant avoir
seul le droit de haute justice dans tout le bourg”
Le Bois d’Allonne au XIVème s.
En 1295 Bois d’Allonne était habité par 7 religieux, et
en 1317 il fut élevé en prieuré avec 16 religieux, en lui
annexant deux celles : Chassay-Grammont (n°123), et Bonneray (n°122).
Ce monastère était riche, 12 métairies. Cette même
année 1317, le seigneur de Parthenay avait laissé cruellement
maltraiter par ses sergents un sergent du Châtelet de Paris envoyé
par le Roi pour protéger Hélie de Crouzeau, correcteur du Bois
d’Allonne. Hélie porta plainte et le sénéchal du
Poitou fut chargé par mandement royal de sévir . On peut penser
qu’Hélie avait pris parti pour l’Abbé Jourdain de
Rapistan, lequel était soutenu par le Roi. Son successeur Raymond de
Saint-Privat rencontrera des difficultés avec sa communauté. Un
acte de la Papauté de 1325 fait mention de sa plainte contre la conjuration
de ses sujets, et dont certains qualifiés de “récidiviste
du désordre” . Pour amener la paix l’Abbé Guillaume
Pellicier obtiendra du Pape de permission de permutter Raymond de Saint-Privat
avec le prieur de la Faye de Jumilhac, Isarn de Saint-Gilles ou Deltruffe.
Au décès d’Isarn de Saint-Gilles le bénéfice
fut donné par le Pape à Raymond-Bernard de Podio-Bellone, moine
de la Faye de Nevers ; bénéfice qu’il gardera jusqu’au
30 janvier 1341, date à laquelle un acte est passé entre Jean
l’Archevêque et le prieur commendataire Raymond Bernard de Podio
Belone, pour une donation de deux morceaux de bois situé près
du château Bourdin, moyennant que le prieur et religieux le tenoit quitte
d’une rente de 7 livres et 7 sols d’une part, et d’une autre
de 70 sols.
Mais la commende et les guerres de religion vinrent ruiner ce prieuré.
Dom Aymeric Fabri, 5ème Abbé de l’Ordre dû demander
au Roi Charles V, le 12 juillet 1379, d’être déchargé
du paiement des taxes que le fisc royal percevait sur les maisons religieuses
conquises sur les Anglais, ce qui lui fut accordé.
Bois d’Allonne eut comme prieur claustral frère Geoffroy Pichenault
en 1382 , et comme prieur commendataire en 1383 le Cardinal de Neufchâtel
qui était “grand aulmonier de la Reyne d’Espaigne”
. Lorsque le 5ème Abbé de l’Ordre, Dom Aymeric Fabri, mourut
le 7 juin 1385, il fut enterré au Bois d’Allonne devant le grand
autel ; car à cette époque Grandmont était, par suite des
guerres, complètement ruiné. Les moines étaient obligés
de laisser l’office pour chercher leur nourriture, laissant le monastère
à la garde de soldats .
Le Bois d’Allonne au XVème s.
On trouve plusieurs mentions de quittances de pension due par le prieuré
à l’Abbaye de Grandmont; la première en Mai 1421 pour 31
livres, la seconde en Juin 1423 de 31 livres, et une troisième de 1451
de même montant .
Le 27 juillet 1457, on relève des titres émanant de Charles, Duc
de Bretagne, contenant des privilèges et droits de chasse accordés
au Prieurs et religieux du Bois d’Allonne sur les terres de l’annexe
de Bonneray
Le Bois d’Allonne au XVIème s.
Au milieu du XVIème siècle, la situation du prieuré du
Bois d’Allonne était une des meilleures de la contrée, mais
une grande partie de son temporel avait été aliénée,
et les taxes dont il était frappé étaient très importantes.
Le prieur commendataire, le sieur Claude Sublet, seigneur de Saint-Etienne,
ne pouvant subvenir qu’avec grande peine à son entretien, demanda
au roi Charles IX, en 1565 des adoucissements. Le Roi manda le 11 février
1565 aux députés du clergé du diocèse de Poitiers
de procéder au rachat du temporel restant, et de modérer les taxes.
Le Bois d’Allonne au XVIIème s.
Il reste peu d’écrits sur le prieuré au XVIème siècle
et début XVIIème. Le 26 novembre 1600, Le prieur du Bois d’Allonne
donne quittance pour une rente de 18 boisseaux d’avoine payée par
demoiselle Marie Theronneau, veuve de Jean Darrot, écuyer, seigneur de
la Boutrochère .
En 1608, un contrat d’échange fut dressé entre le fermier
Nicolas Legeay, sieur de Maisonneuve, demeurant au prieuré et Georges
Collet, marchand, demeurant au village de la Boucherye, paroisse de St Pardoux
“d’un petit chestit froustye de maison située au village
de la Boucherye” . Pour la même métairie de la Cerclerie
nous retrouvons en 1653, une déclaration faite par le fermier Jean Legeay
pour une pièce de terre, les Nouhes, au prieur du Bois d’Allonne,
Pierre Roze. Et en 1677 une autre déclaration de Gabriel Jaulnay, avocat
au Parlement, est établie au prieur du Bois d’Allonne, Dom Charles
Duchamp.
En 1651 en application d’un arrêt du Grand Conseil obtenu par le
prieur Dom Pierre Roze, pour établir le partage des fruits et revenus
du prieuré, un procès-verbal de visite est dressé par Jean
Texier, lieutenant général au siège royal de Saint-Maixent.
Ce procès-verbal de visite des bâtiments a été retrouvé
dans des archives civiles non inventoriées du Siège Royal de Saint-Maixent.
Il donne l’implantation originale du prieuré :
“La chapelle a 14 à 15 toises de long et 3 de large, avec ses baies
qui éclairent l’abside. La nef n’y ayant aucun jour dans
les deux appends et ne s’en peut prendre que du costé du cloistre
“ (par la porte des moines) .
Les baies d’après la description semblent être murées
à mi-hauteur, ce qui rend l’église humide. Il n’y
a de plancher que dans le choeur ; la nef n’ayant ni plancher, ni pavement.
“Les “anciens” disent qu’il y avait une chapelle oratoire
: la chapelle Sainte-Catherine.
La chapelle n’a plus de clocher, l’ancien a été détruit
“pendant les guerres ”; pour l’instant, il n’y a plus
qu’un simple campanier, dont la corde passe à travers la voûte
au-dessus de la baie occidentale, et la dégrade.” (C’est
le prieur Piherry qui fera construire le petit campanile que nous voyons actuellement,
avant les années 1750).
“La chapelle est dépourvue d’ornements, mis à part
deux petits tableaux religieux.”
La porte des fidèles a été partiellement murée,
et on y a adossé des écuries avec greniers !
Le cloître est un simple préau de charpente carré de 9 toises
et demie de coté, les galeries ayant dix pieds de large ; il semble en
mauvais état. Il n’est pas pavé et “l’hyver
et en temps pluvieux on ne peut aller et venir en lesdits cloistres”.
Il faudrait également tout recouvrir de tuiles.
Nous apprenons que la salle capitulaire n’était pas pavée.
Au-dessus d’elle se trouve trois chambres à usage d’infirmerie
et de logement pour “étrangers et forains”.
Le bâtiment sud, depuis disparu, comprend un réfectoire long de
6 toises et demie et large de trois. Autrefois voûté il est plafonné
en 1651 ; il est ni pavé ni planchéier ; il est éclairé
par six fenêtres partiellement bouchées. Au bout du réfectoire
et de même largeur, la dépense qui mesure 4 toises et demie. Elle
a besoin d’être pavée, et que l’on débouche
ses fenêtres. Au-dessus de ces pièces le dortoir, qui est un peu
plus long que le réfectoire, et la dépense réunis en y
englobant l’escalier intérieur. Il est éclairé par
une seule baie au Sud, et cinq petites baies au Nord sur le cloître. Le
plancher est entièrement à refaire.
Quant au bâtiment ouest, la description est moins claire. Il contient
l’ancienne cuisine, à l’angle Sud-Ouest, contigu à
la dépense. Il a été transformé en buanderie ou
“fournioux”. Le reste du bâtiment est constitué par
la cuisine actuelle, une dépense, et une antichambre. A l’étage
se trouve le chauffoir, et un grenier.
L’impression donnée par ce procès-verbal de visite est celle
d’un prieuré abandonné, et n’ayant jamais été
achevé. Dans toutes les pièces du rez-de-chaussée on marche
sur de la terre battue ; beaucoup de fenêtres ont été obstruées,
peut-être à la suite des pillages et guerres dont la région
a été la victime peu de temps auparavant. En effet le curé
de Chiché, Louis Mousseau en 1607, demande que la maison presbytérale
“Toute en ruynes par le moyen de guerre” soit réparée
.
L’estimation de remise en état du prieuré se monte à
une somme très élevée, ce qui n’incite par le prieur
à payer la pension de 31 livres dues annuellement à l’Abbé.
Ce dernier introduit une demande auprès du Grand Conseil le 7 février
1665 pour en obtenir le paiement :
“Monseigneur du Grand Conseil,
Supplie humblement Dom Antoine de Chavaroche, Abbé de l’Abbaye
de Grandmont disant que le prieuré du Bois d’Allonne dudit ordre
de Grandmont est chargé envers ladite abbaye de trente et une livres
dix sols de pension annuelle les arrérages de laquelle Dom Pierre Roze,
prieur dudit prieuré est refusant de payer audit suppliant...”
.
Un acte de partage des revenus du prieuré entre les religieux et le commendataire
est dressé le 28 février 1681 . Vient se greffer une sombre affaire
de fourniture de jument à l’Abbé.
18 juillet 1688.
“ Par acte arrêté et passé par Gonne et Gaultier notaires
à Tours le 15 novembre 1679 entre M Fremion Abbé général
de Grandmont et le prieur Rorciou. Tant pour lui et Révérend Père
Dom François Thomas, prieur de Bois d’Allonne. Le dit sieur prieur
se déclare devoir tant pour lui que pour ses prédécesseurs
la somme de 330 livres pour arrérages au jour de l’Ascension de
la susdite année de la pension abbatiale de 32 livres 10 sols due par
chaque année par le prieur de Bois d’Allonne à M l’Abbé
de Grandmont, depuis lequel compte arrêté il s’est écoulé
9 années et chacune à jour de l’Ascension dernière
lesquelles reviennent à 295 livres 13 sols sur laquelle somme ledit R.P
Thomas, prieur de Bois d’Allonne donna une jument à défunt
M l’abbé estimée à 220 livres qu’il faut déduire
de la somme précédente, et parce qu’il ne déboursera
plus audit jour de l’Ascension dernière 45 livres 13 sols.
Fait à Grandmont le 18 juillet 1688.
Signé de la Marche de Parnac Abbé de Grandmont - Thomas, prieur
du Bois d’Allonne.”
Au dos du document.
“Je reconnais que M le Prieur de Bois d’Allonne m’a vendu
et livré une jument appréciée à 120 livres y compris
un mors et une bride neuve, laquelle somme de 120 livres, je promets faire valoir
et déduire tant sur le billet de l’autre part que sur les arrérages
de ma pension abbatiale échue depuis le compte arrêté par
ledit billet.
Fait à Bois d’Allonne le 6 Août 1692
signé : de la Marche de Parnac.”Le Bois d’Allonne au XVIIIème
s.
Le 10 juillet 1700
“ J’ai reçu de M Thomas prieur titulaire du Bois d’Allonne
tous les arrérages de ma pension abbatiale due sur son prieuré
jusqu’au jour de l’Ascension dernière.
Fait à Grandmont en double.
Signé de la Marche de P. Abbé - Thomas”
Le 17 août 1707, à la requête de l’Abbé Henri
de la Marche de Parnac, Me Pierre Lambert, avocat à Thouars, mande à
Guillaume Ragot, huissier royal, de se transporter au Bois d’Allonne pour
mettre en demeure le Père Thomas de payer la pension due à l’Abbé,
soit 276 livres de principal (voir pièces).
En 1711, les lieux ont été restaurés, et l’Élection
de Niort note en 1716:
ASLONNE “l’ordre de Grandmont, y a son premier prieuré appelé
le Bois d’Aslonne; de 10.000 livres de revenu. Les lieux réguliers
sont assez beaux et bien entretenu” “.
Cela est confirmé par une déclaration rendue à L’Assemblée
générale du clergé de France par frère Etienne PIHERRY,
prieur titulaire de la communauté de Notre-Dame du Bois d’Allonne
:
Déclaration des biens et revenus du clergé de l’archiprêtré
de Saint-Maixent : prieuré du Bois d’Allonne (1728 - 1729).
Un fief, avec justice haute, moyenne et basse,
200 arpents de bois, 10 arpents de futaie 100 l
une tuilerie 60 l
un pré de 15 à 16 journaux 10 l
métairie de la Motte affermée à Nicolas Branger
pour 9 ans par acte du 6 octobre 1720 184 l
métairie les Rochemarotes, psse de la Boirrière
louée le 6 octobre 1720 à Louis Barrault 300 l
métairie les Fortières, psse d’Azay sur Thoué
affermé à Jean Bibien, louée pour 9 ans le
27/2/1725 160 l
métairie Gruseilh, psse de St-Pardoux affermée
à Louise Brossard pour 7 ans le 13/11/1723 160 l
métairie la Simonière, psse St-Pardoux affermé
à René Richard cinq ans...
métairie de la Richardière,
les moulins du pont d’Azay et de Ciserier, trois petits étangs
grenouillers, rentes, dîmes et terrages.
Plus pour les réparations de l’église, le bâtiment
dudit prieuré , six métairies, quatre borderies, et un moulin
dépendant dudit prieuré au moins cinq cents livres.
J’ai en ayant trouvé lesdits bâtiments en très mauvais
état.
Estimation 500 l
Le total des charges annuelles monte à la somme de trois mil cent neuf
livres six sols quatre deniers 3109 l 6s 4 d
Le total des revenus monte à la somme de trois mil six cent soixante
une livres deux sols deux deniers 3661 livres 2sols 2 deniers.
Sur laquelle nous déduisons de ladite somme de trois mil cent neuf livres
six sols, quatre deniers, il ne reste net que quatre cent cinquante et une livres
quinze sols dix deniers.
Nous soussigné f. Etienne PIHERRY
Prieur titulaire du prieuré de Notre-Dame de Bois d’Allonne en
possession de lui en avril dernier certifions et affirmons la présente
déclaration véritable sous les peines encourues en l’assemblée
générale du clergé du 12 décembre 1726. De laquelle
déclaration, nous avons remis le présent double à M le
syndic du diocèse de Poitiers déclarant les plus sont les mêmes
qu’il n’y a ni contre lettre ni réserve au sujet des formes
sus énoncées et que nous n’avons à bail autant des
biens a nous connu dépendant dudit bénéfice en foy de quoi
nous avons signé “.
A cette époque le prieur claustral était Dom Pierre Mabilleau,
connu pour avoir procéder au procès verbal de visite de l’annexe
de Barbetorte du 14 juin 1731 .
Le prieur commendataire Etienne Piherry mourut le 29 décembre 1752, il
fut enterré dans l’église. Sa pierre tombale cite complaisamment
les actions dont le Bois d’Allonne lui fut redevable. Il est vrai que
ce prieur commendataire se conduisit fort bien, relevant un prieuré en
bien triste état. Cela ne sera pas le fait du prieur qui lui succédera:
l’intrigant Mgr du Plessis d’Argentré. En effet Mgr du Coetlosquet,
évêque de Limoges, avait fait donner par le Roi Louis XV le 2 août
1755 le bénéfice du Bois d’Allonne à M Louis-Charles
du Plessis d’Argentré, alors vicaire général du diocèse
de Poitiers. Le brevet de ce don est du 19 Mars 1756, ainsi que l’acte
de serment prêté par le nouveau possesseur se trouvant aux Archives
de la Haute-Vienne
Il deviendra par la suite évêque de Limoges, et à ce double
titre, il était en relations “cordiales dit-on”, avec l’abbé
Général de la Maison-Rouge. Il eut de grandes difficultés
avec la communauté qui lui intenta un procès en 1758, à
propos de l’occupation d’une partie des locaux par ce dernier et
de son entretien négligé . Ce prieuré était un bénéfice
peu en rapport avec les besoins de ce prince de l’Eglise au train de vie
fastueux. Le Bois d’Allonne avait un revenu de 9.200 livres, mais les
charges importantes, dues au mauvais état des bâtiments, diminuaient
de façon notable le revenu, au point qu’il n’excédait
pas 4.000 livres.
Un arrêt du Grand Conseil du 28 septembre 1758, suite à une requête
du prieur claustral décida le partage des revenus du prieuré en
trois lots. Un pour les religieux, le second pour le commandataire, et le troisième
pour faire face aux réparations; homologuant ainsi le rapport d’experts
du 21 juillet 1757. Cet arrêt ne dut pas contenter le prieur commendataire.
L’Abbé de la Maison Rouge tenta d’aplanir le différent,
mais le désaccord subsistait lorsque ce dernier fut élevé
au siège de Limoges. L’Abbé écrivait à Mgr
du Plessis d’Argentré le 25 janvier 1759 la lettre suivante :
A Grandmont, ce 25 Janvier 1759,
“Monseigneur,
“J’avais formé le dessein, il y a déjà du temps,
de faire une tournée dans le Bas-Poitou le carême prochain. J’aurais
certainement passé par Bois d’Allonne, et la circonstance de vous
assurer de vive voix, plus tôt que plus tard, de mon respect ferait que
je me rendrais certainement à point nommé à Poitiers, afin
de me rendre au Bois d’Allonne avec vous; mais je suis indispensablement
obligé de me trouver à un récolement de bois auquel la
maîtrise de Guéret doit procéder selon qu’on m’a
marqué dans la première semaine de carême, et comme je suis
prévenu que l’adjudicataire de ces bois doit former plusieurs difficultés,
et qu’il n’y a que moi ici qui puisse en quelques façons
les lui parer, cela fait que je ne puis donner la commission à personne
pour assister à cette opération, à laquelle il est absolument
essentiel que je me trouve. ”
“Je ne prévois pas absolument les difficultés que vous pourrez
avoir avec les religieux de Bois d’Allonne. Ils vous doivent un compte
de la cote-morte du dernier prieur régulier ; il est juste qu’ils
vous la rendent. Je ne sais cependant trop si les livres-journaux seront bien
en règle. Je ne prévois de difficultés que de ce côté-là.
Au reste, j’espère que vous rangerez cela vous-même mieux
que personne, et dans le cas où vous ne seriez pas absolument d’accord,
je ferai toujours ce qui dépendra de moi pour qu’on évite
toute mauvaise chicane, et la façon dont je me suis comporté par
le passé doit vous être son garant pour l’avenir.”
J’ai l’honneur d’être avec respect
Monseigneur,
votre très humble et très obéissant serviteur” .
L’Abbé ne pouvait pas mieux dire, Monseigneur apprécia,
et sut la conduite à tenir dorénavant. Cette excuse dilatoire
de l’Abbé pour ne pas l’accompagner, son accord pour la restitution
de la cote-morte, alors que celle-ci était destinée à l’entretien
des bâtiments, ce que Mgr du Plessis aurait certainement “oublié”
de faire. Cette réserve émise sur l’exactitude des comptes
de ses religieux dans le but de dissimuler cette cote-morte, supposition qui
n’était peut-être pas fondée; car il n’avait
pas à émettre des doutes sur ses religieux, mais a les défendre
devant ce commendataire rapace. Cette reculade devant “toute mauvaise
chicane”, faisait de l’Abbé pour du Plessis, un homme courtois
et intègre, profondément bon, mais un adversaire manquant de la
force de caractère nécessaire pour diriger un ordre et défendre
ses religieux. Du Plessis en profitera sans vergogne.
Les photos du père Jean Becquet - Août 1980
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